28 mars 2017

Assumer son troisième enfant

Je le disais moi même il y a à peine 2 ans à ma belle sœur : " Trois enfants, vous êtes fous! "
Finalement, quelques mois après l'idée germait t dans ma petite caboche.
L'homme souhaitait un troisième enfant. J'allais avoir 30 ans, je savais que ce serait un chamboulement (mais je n'imaginais pas à quel point).







Je me suis rendue compte que nous étions jeunes, et que nous aurions le temps de "profiter" sans être trop vieux. Trois c'est bien, c'est gérable.  
Mais si je me décidais à 40 ans, avec cette fameuse crise dont tout le monde parle, à tenter un petit dernier? J'aurais déjà 50 ans à ses 10 ans?! Ses aînés bien trop grands "pour s'en préoccuper". Un écart qui équivaudrait presque à un enfant unique. Non! 
Et ce stérilet que mon corps ne supporte pas. 
-"OK chou,  j'enlève mon stérilet,  je ne reprends pas la pilule et on laisse faire la nature." 
On décide de ne pas se prendre la tête,  et au pire si à mes 35 ans numéro3 ne s'est pas installé, on arrête la, c'est que ce n'était pas pour nous. OK,  marché conclu! Sept 2015

Mes 30 ans arrivent, et la chute à laquelle je m'attendais se produit. La dépression que je cachais, refoulais,  étouffant depuis trop longtemps éclate.  Je pète un plomb. Au point que l'homme me pose un ultimatum. Il FAUT que je me fasse soigner, vraiment. La décision est prise, j'intègre quelques semaines plus tard un hôpital psychiatrique à temps complet. Mai 2016

Bien sûr la question se pose sur ce troisième enfant. Reprise ou non de la pilule? Chou ne le souhaite pas. On laisse faire les choses, comme on avait dit.
Ce projet nous sort un peu de la tête. Évidemment. 6 semaines d'hospitalisation. A ma sortie,  les vacances d'été, et la prévision d'intégrer l'hôpital de jour. Là aussi on se repose la question.
Mi septembre,  j'entre à l'hôpital de jour.

Fin septembre,  pas de règles.  Bébé3 s'est installé,  la semaine où je suis entrée en hdj. Hasard? 
 Parfois la vie nous fait de drôles de surprises. 

Jamais on a envisagé d'abandonner ce bébé.  Il est là, nous étions heureux de découvrir ce test positif, il était souhaité et c'est un enfant de l'amour.  Un amour qui connaît des turbulences,  des hauts et des bas mais qui s'accroche,  qui s'en durcit,  qui se construit encore, même au bout de 8 ans de mariage. 


Bien sûr,  le climat n'était peut être pas idéal.  Mais pour qui, finalement ? Pour nous, pour les enfants déjà présents, pour les autres? Les autres ne vivent pas chez nous.

Assumer ce bidon qui s'arrondit au milieu des autres patients et de leur souffrance,  ce n'est pas facile. 
Assumer ce bidon au milieu des proches qui estiment que ce n'était pas du tout le bon moment, ce n'est pas facile.
Assumer ce bidon dans la rue alors que tu as déjà un enfant dans chaque main, et une toute petite trentaine, ce n'est pas facile.

Et pourtant, j'ai autant plaisir à sentir ce petit être bouger chaque jour. Je souris à m'en décrocher la mâchoire quand fils et fille lui parlent ou lui font des câlins. 
Je fond quand mon homme lui dit bonjour ou lui souhaite bonne nuit. 
J'aime ce bébé,  comme les précédents.  
J'imagine sa petit bouille et ses petits petons, comme les précédents.
J'ai peur,  comme les précédents.  

Ce troisième enfant vient compléter notre famille imparfaite. 

Notre petit dernier, ce bébé d'amour,  attendu, souhaité,  désiré,  déjà aimé alors qu'il lui reste une bonne poignée de semaines à grandir au dedans.

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