6 févr. 2017

La salle d'attente du psychiatre.



J'y suis tous les jours, mardi mercredi jeudi vendredi, parce que je ne vais plus à la clinique le lundi.
Oui, je passe mes journées dans une clinique psychiatrique. Pas en tant que professionnelle, non, mais bien en tant que patiente.

Pourquoi je te dis ça?
Parce qu'il y a certains sujets dont j'évite de te parler parfois, par peur d'avis mal placés, d'yeux égarés mal intentionnés. Mais finalement, ce blog est une partie de mon quotidien, de mon intimité.

Et je passe mes journées dans une clinique psychiatrique. Donc je transpire psychiatrie, je vis psychiatrie, je respire psychiatrie.
Mes collègues de galère et moi, on partage nos misères parfois, nos activités, nos pleurs et nos fous rires. Tout ça dans la même journée quelques fois, dans la même heure aussi. Chacun avec son caractère, avec sa pudeur ou son excentricité.Les colères ou les larmes ont l'intensité de la bipolarité, de troubles borderline, de dépression ou d'addictions.

 Et tout cela, mixé dans le calme dès l'instant où nous entrons dans la salle d'attente du psychiatre, qui nous voie défiler les uns après les autres. Qui a écho de détails qu'on ne soupçonnait pas dès qu'un événement se produit en activité ou ailleurs, consciencieusement relayé par les infirmières ou l'équipe encadrante.
Le calme de la salle d'attente, où chacun se met en condition de l'entretien qui va suivre, et où soudain tout semble sur pause pendant que l'on attend son tour sur la liste où l'on s'est inscrit le matin même par ordre d'arrivée.
(Voici bien un métier que j'admire, mais que pour rien au monde je n'aimerais exercer.)

On passe beaucoup de temps dans cette salle d'attente. Je pense d'ailleurs que ça fait partie indirecte du traitement. Certains restent scotchés à leur téléphone ou le nez dans leur bouquin, d'autres dorment, d'autres passent toutes les 5 minutes pour savoir si leur tour arrive. D'autres encore s'y retrouvent parce qu'ils ne viennent plus qu'une fois par semaine, et se racontent leurs vies rocambolesques.

Ce que j'y apprécie, c'est que personne ne cherche à savoir ce dont l'un ou l'autre va parler. Chacun respecte le silence de celui qui se met à l'écart, et personne ne juge celui qui ressort complètement différent. D'ailleurs, nous n'empruntons pas la même porte, la sortie donnant directement sur le couloir, avec aucun vis à vis sur la salle d'attente. Tout est étudié, je te le dis.

Et quand la double porte s'ouvre sur mon nom, je me lève en retenant ma respiration, mes yeux rivés dans ceux du médecin, ma main tendue vers la sienne. Ai-je besoin de te raconter la suite?

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire

Je lis chacuns de vos commentaires avec attention, merci de laisser votre trace ici ;)